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Je me souviens d’une discussion avec un golfeur il y a quelques années. Celui-ci m’affirmait qu’il lui arrivait de « modifier la largeur du trou ». À l’époque, cette idée me paraissait insensée et impossible. Plus récemment, j’ai de nouveau échangé avec différents sportifs sur le thème de ces « altérations sensorielles ». Cependant, cette fois-ci je me suis intéressé à ce qu’ils font « sans le vouloir », « inconsciemment » pour le comprendre et pour pouvoir le reproduire.                        

L’environnement et son influence

Qui ne connait pas la sensation des escaliers plus raides lorsqu’on rentre de travail ? Qui n’a jamais tendu la main pour prendre un objet en se rendant compte qu’il est 10 ou 15 cm plus loin ? Qui n’a jamais vu un film marquant en ayant l’impression que sa durée était raccourcie ?

Nous vivons au quotidien des « altérations sensorielles ». Il semblerait que nos perceptions soient en permanence influencées par notre environnement. Le principe est simple, notre cerveau capte l’information de l’environnement par nos cinq sens, puis les traites avant de nous donner une synthèse que nous pouvons analyser consciemment.

Mais dans le sport, non seulement, l’environnement va trop vite et ne permet pas de prendre le temps d’arriver à la phase d’analyse, et en plus, ce type d’altérations sensorielles n’est pas toujours bénéfique, car modifie le contrôle du sportif.

« Il y a des jours où j’ai l’impression que mes coups sont hyper lents alors que mon coach me dit l’inverse ». R. Benezech, boxe.

Influencer les perceptions de l’environnement

« Le temps s’arrête », « J’ai tout le temps d’esquiver », « La balle, même au service, semble énorme »…

Imaginez que vous puissiez non seulement vous soustraire de l’environnement extérieur afin de vous focaliser uniquement sur l’essentiel. Imaginez que vous puissiez en plus parvenir à contrôler ces différences de perceptions : avoir l’impression que tous les coups de l’adversaire sont au ralenti, qu’une balle de tennis est plus grosse, qu’une piste d’athlétisme est plus courte…

Lorsqu’on parle de « l’état de grâce » du sportif, on retrouve ces modifications de perceptions de l’environnement. Certaines personnes pensent que cette capacité est le privilège du sportif expérimenté de haut niveau. La répétition due à l’expertise dans un sport est, certes, l’un des mécanismes d’apprentissage le plus reconnu. Néanmoins le débutant et l’amateur vivent aussi ces instants-là puisqu’ils ont déjà été expérimentés dans la vie courante.

Il suffit de réapprendre « comment » ce phénomène se crée pour pouvoir, ensuite, le maitriser.

C’est exactement cette technique que vous allez apprendre dans cet article avant de pouvoir le mettre en pratique dans votre discipline favorite.

Le mécanisme :

L’ensemble de la technique réside dans la simplicité de sa mise en œuvre. Bien évidemment, vous n’allez pas commencer à modifier la « Matrice » comme Néo. La « réalité » ne change pas. Une piste de synthétique de 100 m ne va pas se raccourcir par votre super pouvoir d’Elu. Par contre, vous allez retrouver l’état mental qui est l’origine de ces modifications de perception parce que, ce qui change à ces moments-là, c’est lui ! Ainsi, en recréant cet état-là, vous allez pouvoir contrôler ses effets.

Ici, nous aurons besoin de deux combinaisons de techniques. La première est celle qui permet de se soustraire à l’impact de l’environnement en se mettant au présent. (Voir article Etre au Présent).

La seconde consiste à utiliser l’état d’auto hypnose pour retrouver la perception, autrement dit les informations de vos cinq sens vécus dans cet instant là afin d’en prendre conscience. Ainsi votre mental va pouvoir intégrer l’utilité qu’il a à le recréer.  Il suffira de vous projeter dans un avenir très proche, très concret pour orienter votre mental dans ce nouvel apprentissage. De plus, super bonus, vous allez créer un réflexe, une association d’idées vous permettant de le contrôler complètement et à n’importe quel moment !

À vos marques, prêt…la technique !

Étape 1 : Mettez-vous debout en position d’équilibre, les deux pieds côte à côte et les bras le long du corps. Et démarrer avec une technique d’auto hypnose de votre choix. (type Vision périphérique)

Étape 2 : Une fois dans cet état donnez-vous cette suggestion : « Au moment où mon mental est prêt à m’apprendre comment modifier mes perceptions…alors ! …Le corps est attiré légèrement vers l’avant (ou vers l’arrière… il n’y a pas de convention là-dessus). »

Étape 3 : C’est le moment clef. Repensez au dernier moment où vous avez eu une perception modifiée en sport. Repassez-vous le moment depuis le début, mentalement, si c’était toute une journée, ou juste un instant. Faites appel à tous vos sens, en retrouvant ce que vous avez vu, ce que vous avez entendu, ce que vous avez ressenti. Soyez attentif à ceci, puisque c’est l’état que vous êtes venu chercher pour le contrôler ! Observer autour de vous et percevez ce qui se passe lorsque les paramètres comme les distances (piste de 100m plus courte), ou le temps (mouvements plus rapides ou lenteur des adversaires), ou les objets (proximité du trou de golf ou taille de la balle de tennis) sont modifiés. En gros, conscientisez ce qui s’est passé pour vous en le revivant à fond, comme si vous y étiez.

Etape 4 : Après avoir pris quelques minutes (ou plus. Il n’y a pas de limites à l’agréable), vous allez de nouveau vous donner cette suggestion intérieurement : « Quand tout mon mental est prêt à rendre disponible cet état-là … alors… le corps est attiré légèrement vers… » (Vous l’aurez compris, là c’est choix libre !). Au moment où le corps bascule, alors choisissez un mot qui va associer cet état à votre nouvelle capacité. Par exemple : Zoom, ou Ralentit, ou autre chose.

Étape 5 : Maintenant, emportez tout ça mentalement en imaginant votre prochain entrainement. Prenez une date suffisamment proche pour pouvoir avoir le temps d’affiner la technique si ce n’est pas encore optimal. Utilisez cette faculté naturelle de sportif à visualiser votre entraînement en retrouvant toutes les informations de vos sens que vous avez perçus à l’étape 3. Affinez, et amplifiez. Ne faites pas les petits bras ! Soyez comme à l’entraînement, donnez-vous à fond mentalement en observant ce qui change dans votre façon de voir, d’entendre et de ressentir les choses. Prenez le temps de retrouver les mêmes différences de perceptions de distance, de temps et de taille. Vous êtes en train d’apprendre à votre mental comment le refaire, alors aidez le un peu 😉 Renforcez tout ça en répétant le mot choisi à l’étape 4.

Étape 6 : Avant de terminer l’expérience, validez une dernière fois que votre mental a bien intégré tout ça avant de sortir de votre état d’autohypnose en vous donnant cette suggestion :

« Une fois que mon mental a bien intégré tout ça, une fois qu’il a bien compris à quoi sert  XXX (ici votre mot magique) alors le corps est attiré (vous savez où maintenant) avant de me sortir de l’état d’hypnose. »

Étape 7 : Testez !

Le suivi: Affinez en refaisant la technique si nécessaire. Si au début, cela vous demande quelques dizaines de minutes, ce temps d’entraînement mental va se raccourcir pour que vous puissiez finalement dominer votre perception de la réalité.

Bienvenu dans votre Matrice Sportive !