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Les sportifs connaissent très bien l’impact que peuvent avoir les émotions sur leurs performances. Jusqu’au point de se laisser submerger complètement par celles-ci et perdre les commandes. Comment faire pour gérer ses émotions ? Peut-on apprendre à les maîtriser pour être plus performant?

J’accompagnais récemment un sportif qui pratique l’escalade et le VTT à haut niveau.  En escalade, Cet athlète s’engageait dans une paroi difficile mais réalisable pour son niveau. Pourtant plus il montait, plus son escalade devenait saccadé et irrégulière, jusqu’au moment où il s’arrêta complètement, laissant exploser une série de juron destiné à lui-même. Le genre de monologue où tout le monde vous regarde en se disant « mais qui est ce fou ? ».

Quand il eut terminé, il conclut par une phrase que j’entends souvent chez les sportifs qui pratique les activités extrêmes ou encore la compétition : « il faut absolument que j’apprenne à gérer mes émotions ! »

J’aime cette exclamation car je la trouve d’une justesse absolue. C’est exactement cela : apprendre à gérer ses émotions. Et comment fait-on me direz-vous ? Cela s’apprend-il ? Existe-t-il une méthode ?

Avez-vous dans vos souvenirs un professeur de sport qui commençait son activité par l’aspect émotionnel ? Bien souvent, les apprentissages sont concentrés sur les aspects techniques et les habiletés physiques. C’est important, certes, mais c’est négliger le fait que notre cerveau et notre affect vont aussi participer au sport ! Je connais beaucoup de sportifs qui sont plus souvent limités par leurs émotions que leurs capacités physiques.

Des réactions illogiques ?

Pour reprendre l’histoire de ce sportif, lorsque je discutais avec lui de cet événement, il me disait ne pas comprendre pourquoi il réagissait ainsi devant les difficultés. C’était tout à fait illogique et ridicule et pourtant, quand la difficulté augmentait, l’émotion, bien présente, lui torturait les intestins. Il ne savait réellement pas comment surmonter cet état de fait. Aussi loin que pouvait remonter sa mémoire, il avait agit ainsi devant les difficultés, qu’elles soient sportives ou bien quotidiennes. Il pensait même que ça faisait partie de sa nature et qu’il en serait toujours ainsi.

Comment surmonter cette difficulté ?

La première étape du changement est mental : surpasser cette croyance d’une personnalité figée (cf.article « Les limites : comment les dépasser »). A tout moment, il est possible de changer un trait de caractère et de recréer du choix dans sa personnalité. Rappelez-vous que l’être humain est en constante évolution, depuis sa naissance jusqu’à la fin de sa vie.

Il y a les changements physiques bien sûr : la taille du corps, les rides de la peau, le renforcement musculaire, le son de sa voix… Mais il y a également les changements choisis : apprendre une danse, être plus à l’écoute, commencer un sport, changer d’alimentation, de travail, être plus tolérant…

Et l’éventail de ces changements quotidiens constitue aujourd’hui votre personnalité physique et psychique. On comprend alors facilement que celle-ci n’est pas figée pour une vie entière. Hier, elle était sans doute un peu différente et demain… que décidez-vous ?

Dans la seconde étape on agit à deux niveaux :

-Au niveau mental : par imagerie mentale, concevoir un nouveau comportement plus adapté à cette situation.

-Au niveau émotionnel : imaginer une émotion adaptée à la difficulté. Ici le sportif imagina l’inverse de l’émotion désagréable qui agissait en lui jusqu’alors.

Agir à ces deux niveaux est essentiel pour générer un changement profond et durable. Le cerveau comprend aussi bien le langage des émotions que celui des mots et des images.

Comment automatiser le nouveau comportement ?

Nous avons déjà abordé dans les précédents articles l’efficacité de l’état d’hypnose qui permet une plus grande souplesse et flexibilité mentale. Cet état favorise ainsi la création de nouvelles routines comportementales qui vont prendre place naturellement. Il convient de maîtriser l’état d’hypnose ou bien d’être accompagné par un professionnel pour cette étape importante.

Voici l’ancien (A) et le nouveau (N) schéma comportemental de ce sportif:

-A : Obstacle difficile = émotion qui tord les intestins = monologue interne dégradant = inaction

-N : Obstacle difficile= image de lui-même en train de le surpasser = émotion agréable qui relaxe le ventre et les épaules = dialogue interne encourageant = action

On peut facilement imaginer comment ce sportif progressa avec un comportement lui permettant d’aborder la difficulté avec des émotions agréables !

Le mental est donc un puissant levier pour surpasser une limite mais il est bien plus puissant lorsque les émotions sont écoutées ou encore mieux, utilisées au service de la performance.